BLACKBERRY SMOKE: Find A Light (2018)



Titles:
1 Flesh and Bone
2 Run Away From It All
3 The Crooked Kind
4 Medicate My Mind
5 I’ve Got This Song
6 Best Seat In The House
7 I’ll Keep Ramblin’
8 Seems For Far
9 Lord Strike Me Dead
10 Let Me Down Easy
11 Nobody Gives A Damn
12 Till The Wheels Fall Off
13 Mother Mountain

Faut-il tout sacrifier pour atteindre le succès ?
Grave question ! Les mecs de Blackberry Smoke n’ont pas dû se la poser longtemps et ont décidé de taper dans tous les styles, délivrant ainsi un patchwork musical relativement décevant et sans réelle ligne directrice. Pourtant, ce « Find a light » aurait pu être bien meilleur avec un peu de rigueur harmonique. D’accord, les musiciens n’ont rien perdu de leur technique, Charlie Starr possède toujours cette voix agréable et sa guitare continue de fumer. Cependant, le résultat se révèle très mitigé. Commençons donc par les mauvaises choses. L’album débute avec « Flesh and bone » qui s’étire sur un tempo médium lourdingue. Ce titre s’apparenterait à un « Texas shuffle » mais n’en est pas vraiment un. Pour ce faire, il aurait fallu accélérer le mouvement. Quant au solo de guitare, il faut bien avouer qu’il n’est pas terrible. Le country-rock « Run away from it all » aurait pu faire son petit effet si un break blues-rock sans aucun rapport ne venait gâcher l’esprit du morceau. Il aurait mieux valu continuer en mode mélodique. « The crooked kind » (une pop song aux accents blues-rock relativement ordinaire) et “I’ve got this song” (une chanson country lente) ne relèvent pas le niveau. Avec « I’ll keep ramblin’ », on est volé sur la marchandise. Ça commence en southern boogie énervé avec un thème de guitares à la tierce. Enfin ! On n’y croyait plus ! Puis survient un break avec des chœurs gospel. Pourquoi pas ? Mais tout de suite après, le tempo se décompose en rythme moyen avant de se ralentir pesamment sur la fin. Dommage, ça partait bien ! Blackberry Smoke se prendrait-il pour le Iron Maiden d’Atlanta ? Trois changements de tempo dans une même chanson, c’est trop ! Il faut bien le reconnaître ! En plus, Robert Randolph (invité sur ce titre) ne peut même pas donner toute la mesure de son talent à la pedal steel guitar. Un comble ! Avec un artiste comme lui, ça aurait dû péter des flammes. Passons également sur deux autres morceaux complètement insignifiants (« Medicate my mind », « Till the wheels fall off »). Malgré quelques invités, « Let me down easy » (avec la chanteuse americana Amanda Shires) et « Mother mountain » (avec le groupe folk The Wood Brothers) rejoignent la même catégorie. Après avoir écouté tous ces titres, on a l’impression de lutter contre une indigestion sonore où se mêlent différents styles musicaux (rock music au sens large, stoner, power pop et americana). Heureusement, Charlie et ses boys ont conservé quelques vieux réflexes. On tape enfin du pied sur « Nobody gives a damn » et son intro digne d’AC/DC. Le morceau s’oriente ensuite vers un « big rock » US à la Bruce Springsteen ou à la Tom Petty. L’ajout de quelques accords mineurs et un bon solo de six-cordes finissent le boulot. Efficace et entraînant. Il était temps ! Et puis, Blacberry Smoke n’a pas oublié son point fort : les belles « Country songs » mélodiques (« Seems so far » avec un bon solo de guitare et « Lord strike me dead » avec un solo de dobro). Pour finir, on frôle l’excellence avec la ballade au tempo rapide « Best seat in the house » (un cocktail country/americana/« big rock » américain). Là, le mélange des genres tape en plein dans la cible avec un solo sans excès mais bien envoyé. Tout cela sent le désir de passer en radio mais un tel morceau mérite largement une percée dans les « charts ». Ouf, on a eu chaud ! Charlie sait encore composer ! Bon, pas de southern rock à l’horizon mais Blackberry Smoke n’a jamais été un combo de rock sudiste (il n’a d’ailleurs jamais prétendu l’être). Cependant, une réflexion vient immédiatement à l’esprit : quatre bonnes chansons sur treize titres, c’est peu ! Surtout que Blackberry Smoke n’est pas un groupe débutant et a toujours sorti des disques de bonne qualité. Alors, que s’est-il passé ? Volonté de décrocher la timbale et de ratisser un public plus large ? Démarche stratégique visant le succès radiophonique ? Ou panne d’inspiration tout simplement ? Autant de questions qui resteront sans doute sans réponses. Mais autant de points que Blackberry Smoke devra corriger pour son prochain album. Au grand examen du rock n’ roll, ce « Find a light » décroche tout juste la moyenne avec le commentaire « passable ». En ce qui concerne le succès, on verra bien si les musiciens de Blackberry Smoke ont eu raison de sacrifier leur talent.
Back to rock’n’roll !
Olivier Aubry